Article sur www.sudouest.fr : Météorites en Russie et l'astéroïde de 135 000 tonnes : "une coïncidence totale"
"Un expert au centre national d'études spatiales, dont la mission consiste à nous protéger d'une collision entre la Terre et un astéroïde, décrypte ce phénomène Météorites en Russie : que s'est-il passé ? "Il y a eu une lumière, irréelle, qui a illuminé toutes les classes du côté droit de l'école. Ce genre de lumière n'existe pas dans la vie, seulement lorsque c'est la fin du monde, puis il y a eu une traînée de fumée comme avec un avion, mais dix fois plus grande". A l'image de ce témoignage, les photos et vidéos des météorites, qui se sont abattus vendredi matin à l'aube (heure française) sur la région russe de l'Oural, sont impressionnantes. Un millier de personnes a été blessé selon les autorités russes. Un bilan humain sans précédent selon l'expert britannique Robert Massey, directeur adjoint de la Royal Astronomical Society britannique. Selon un spécialiste russe, Sergueï Smirnov, cité par la télévision publique russe Rossia 24, le météorite pesait "des dizaines de tonnes". L'agence Ria Novosti a cité une source militaire indiquant qu'il s'était désintégré à 5.000 mètres au-dessus de l'Oural. L'Académie des sciences russe, citée par Itar-Tass, a de son côté estimé que le météorite faisait quelques mètres de diamètre, pesait environ 10 tonnes, et s'était désintégré à une altitude de 30 à 50 kilomètres. Est-ce que c'est rare ? Le phénomène est "relativement fréquent", explique Christophe Bonnal, expert au centre national d'études spatiales (CNES) à Paris. "C'est d'ailleurs probablement de là que vient l'expression 'Le ciel nous tombe sur la tête". Il y a environ 100 tonnes de météorites qui tombent sur terre chaque jour, dont une propension de poussière". Par contre, ce qui est rare, c'est que ce soit une ville qui soit touchée. "80% tombent dans les mers, les océans. Quand ça tombe sur la Terre, ce sont souvent dans les déserts". Christophe Bonnal n'a pas de souvenir de météorites qui aient fait des blessés. " En tout cas, dans nos discussions, nous ne connaissons pas de morts liées à une météorite", poursuit-il. "Je me creuse les méninges pour trouver dans l'histoire un quelconque événement au cours duquel un si grand nombre de personnes a été blessé par un tel objet... C'est très, très rare d'avoir des victimes humaines", explique aussi Robert Massey, directeur adjoint de la Royal Astronomical Society britannique. Est-ce que ça pourrait tomber n'importe où ? "C'est arrivé en Russie, mais ça aurait pu aussi bien se passer chez nous", explique Christophe Bonnal. "Vous savez, on a recensé 140 cratères d'impact sur la Terre, qui sont localisés de façon aléatoire". En août 2011 par exemple, une météorite avait été signalée en Midi-Pyrénées. En octobre 2011, c'est une habitante de la région parisienne qui avait retrouvé "un caillou aimanté avec du zinc et du fer", sur son toit. "C'est quelque chose de très fréquent. Vous avez forcément marché sur des météorites mais vous ne vous en êtes pas rendus comptes. C'est dommage car c'est très prisé", dit Christophe Bonnal. "Les spécialistes ont l'oeil et le repèrent avec des aimants", explique-t-il. >> Sur son site, Alain Carion, chasseur de météorites, détaille les astuces pour reconnaître une météorite. "Une coïncidence totale avec ce qui est annoncé ce soir" Un astéroïde de 45 mètres de diamètre va frôler la Terre, ce vendredi, sans risque de collision. Cet astéroïde, traqué par la Nasa, pourrait anéantir, en cas d'impact, une grande agglomération. C'est le plus gros astéroïde passant aussi près de la Terre jamais détecté par les scientifiques, souligne l'agence spatiale américaine. Un rapport entre cet astéroïde et ce qui s'est passé en Russie ? Aucun, affirme Christophe Bonnal. "C'est une coïncidence totale", poursuit cet expert du CNES. Comment nous protéger ? Comment éviter une collision entre la Terre et un astéroïde ? "Il y a 36 méthodes, certaines relèvent de la science-fiction, d'autres sont plus crédibles", explique Christophe Bonnal, dont le métier est justement de nous protéger d'une telle collision. La solution privilégiée à Toulouse est celle de Jean-Yves Prado, qui travaille aussi au CNES. "La technique est d'intercaler un voile entre le soleil et l'astéroïde. Ainsi, on change la luminosité du soleil sur l'astéroïde, donc ça change la température et ça fait dévier sa trajectoire". Mais d'autres techniques sont envisagées, scientifiques et industriels sont d'ailleurs appelés à faire le point de leurs recherches en mars à Bruxelles."