Des cendres du défunt Sentenced est né Kypck, prononcer Kursk, nouveau venu plus que prometteur sur une scène doom finlandaise en pleine effervescence. Avant de les découvrir sur scène, il faut s’imprégner de l’atmosphère, lourde, froide et angoissante, de « Cherno », leur premier opus sorti chez Century Media, entièrement chanté dans la langue de Raspoutine. Sous une pochette sombre, mélange de panoptique et d’usine produisant quelque monstrueuse chimie, d’un gris inquiétant traversé de rouge, entre « Hostel » et un monstre né du réalisme soviétique de l’après guerre, « Cherno », dans un climat angoissant, inquiétant, Kypck déroule une à une ses sombres volutes macabres (la roulette russe de ‘Stalingrad’, par exemple) à l’ombre des potences en fleur. S. S Lopakka, guitariste de son état, nous en dit plus. Welcome to the land of grey…
Quels sont, avec le recul, les bons et les mauvais souvenirs des années Sentenced?
-S.S: Il y en a bien sûr un paquet, vu que le groupe a existé pendant seize ans. La plupart sont de bons souvenirs, surtout vers la fin. Je pense que nous avons réussi à mettre fin au groupe
d’une façon unique et d’une manière qui collait avec tout ce que nous avons fait durant toutes ces années et avec tous nos disques. Sortir un ‘album funéraire’ et faire une tournée d’adieu pour dire au revoir, tout cela était vraiment parfait.
En dépit du fait de fonder Kypck, as tu été déçu par le split de Sentenced?
-Non, la déception n’a rien à voir avec ça. Nous pensions au split deux ans avant de prendre la décision finale, et je crois que nous l’avons assumé à cent pour cent, sans aucun regret. KYPCK est quelque chose de vraiment différent, né deux ans après l’enterrement de Sentenced.
Cette idée de Kypck / Kursk, ou tout au moins d’un nouveau groupe, est née dès 1999, alors que vous travailliez sur l’album “Crimson”: auriez vous travaillé sur deux groupes en même temps, à ce moment là, si vous l’aviez pu ?
-Personellement, je suis le genre à me concentrer sur un seul groupe à la fois, sinon, avec moi, ça ne marcherait pas. Peut être est ce pour cette raison que j’ai mis huit ans à fonder ce groupe. Nous avions un emploi du temps très chargé, et nous n’aurions pas pu donner à nouveau groupe toute l’attention qu’il nécessita
Qui est à l’origine du concept du groupe?
-Hiili et moi avions cette vision de mettre un jour sur pied un groupe qui jouerait de la musique très extrême, assez doom, mais toujours unique. Le partage de cette vision présida à la naissance de KYPCK, et, comme tu l’as dit, c’était déjà en 1999.
Comment est venu ce choix de chanter en russe?
- Nous voulions quelque chose qui rende le groupe vraiment unique dès le début. Dès les premières demos, on s’est rendu compte que tout collait parfaitement. L’idée est nouvelle et le langage lui même sonne super dans le paysage sonore doom du groupe.
Tout cela n’aurait put être possible sans Erkki, qui a travaillé et étudié en Russie, et qui à présent enseigne le russe en Finlande?
-Cette idée de chanter en russe avait l’air plutôt radicale tout d’abord, même pour nous, mais on a décidé d’essayer quand même. A l’origine, on pensait chercher un chanteur Russe, mais, en moins d’une semaine, on avait déjà trouvé Erkki – un Finlandais chanteur de metal et parlant russe couramment. C’était une superbe coïncidence, alors que l’écriture d’un disque et son enregistrement auraient vraiment été galère avec quelqu’un vivant à l’étranger.
Jusqu’en 1945, la Finlande était une province russe: cette situation historique, aussi bien que géographique, a-t-elle encouragé votre style de musique ?
-C’était en fait en 1917: pendant la première guerre mondiale, la Russie et la Finlande était ennemis. Les faits historiques provoquent toujours des tensions entre les nations, mais les deux pays travaillent aussi ensemble pour un tas de choses. Je pense que l’on commence à être loin de la seconde guerre mondiale et de s’en servir comme carburant pour l’art. Peut être parviendrons nous, au travers de l’art, à faire se rapprocher les nations ?
Etes vous fascines par la Russie, ou bien représente-t-elle plutôt une menace pour vous ? -Nous sommes fascines par l’art, l’histoire et la culture de la Russie, ce qui inclut nombre de choses très impressionnantes, et nous en faisons mention dans les morceaux de KYPCK. La Russie doit toujours représenter une menace pour un tas de gens, mais visiblement pas pour ce groupe. Sinon, on aurait choisi un autre langage.
Cherno, un autre nom ou un diminutif pour Tchernobyl?
-Non, ce titre signifie ‘aussi noir’, ‘d’une façon dépressive”, et d’une façon triste’.
Vu que les morceaux sont chantés en russe, peux tu les expliquer un peu?
- On pourra trouver des traductions en anglais de tous les textes dans le livret de l’album, nous avons pensé que les gens voudraient savoir de quoi nous parlons. Les thèmes de l’album varient de morceau en morceau, et l’on trouve des sujets comme la trahison, l’agonie, la guerre, l’athéisme, un tas de choses différentes. Mais la tonalité de l’ensemble est plutôt négative, déjà que la musique n’est pas très gaie non plus !
Parle nous un peu de cette vidéo pour ‘1917’
-Le morceau lui même raconte l’histoire de l’arrière grand père de Hiili, qui a travaillé à St. Petersburg en 1917, pendant la révolution. Il s’est enfui du pays, d’abord en Finlande, puis de nouveau en Russie. Il a continué d’envoyer de l’argent à sa famille pendant un temps, mais soudain, plus personne n’a entendu parler de lui, personne ne sait ce qu’il est devenu. Cette vidéo est le point de vue du réalisateur sur cette histoire.
Comptez vous tourner d’autres vidéos pour cet album?
- Je pense que nous tournerons une vidéo pour le second album. On n’a rien de prévu à ce propos pour ‘Cherno’, sauf peut être quelques tournages live.
Le site web du groupe et les visuels sont super, vraiment dans la continuité de la musique : qui en est responsable?
-C’est cool à entendre! La pochette de l’album et les photos du livret sont l’oeuvre de Vesa Ranta. Et je suis seul responsable des visuels du site web.
Quelles ont été les influences pour votre musique actuelle? Par exemple, un album comme « Monotheist » de Celtic Frost, a-t-il eu un impact sur ‘Cherno’
-Je n’en n’avais pas pris conscience avant que l’album ne soit fini, mais je pense qu’ici et là on peut trouver des influences de groupes comme Type O Negative, Rammstein et Celtic Frost, et pas seulement leur magnifique dernier album. Manifestement, notre disque est grandement influencé par toute la scène doom. Mais je ne vois pas les influences comme quelque chose de négatif, parce que le son et le style sonnent comme quelque chose de vraiment personnel.
Avez vous déjà joué en Russie? Quand tournerez vous en Europe?
-Pas encore, parce que l’album n’est toujours pas sorti là bas. Ce sera fait fin août, et nous y ferons nos débuts sur scène en novembre. Des concerts européens sont aussi prévus, mais rien n’est confirmé pour l’instant. On te préviendra quant on en saura plus !
Propos recueillis par JP Coillard via e-mail en septembre 2008.
Merci à Valérie et à S.S.
Merci à Valérie et à S.S.
Visible sur : http://disturb.org/Kypck_fr.html